Dans son laser de ce lundi 16 décembre sur dakaractu, Babacar Justin Ndiaye appelle Macky « à mettre fin aux discours torrentiels sur le terrorisme »
Extrait
Dans tout ce tumulte rouge de sang et lourd de périls, quelle doit être la posture globalement appropriée du Sénégal ? D’abord, mettre fin aux discours torrentiels sur le terrorisme (notamment les phrases en rafales du Président Macky Sall) qui ont le fâcheux effet de répandre l’électricité dans l’air. Le vacarme est tel que les habitants de Pikine se croiraient au cœur de Kidal ou dans la banlieue de Maiduguri, au nord-est du Nigéria. Ensuite, stopper les gesticulations qui sont habituellement plus spectaculaires que productives. A-t-on besoin d’un commando d’élite d’un corps d’élite pour arrêter deux dames (deux chèvres sans cornes) dans la banlieue ? Une convocation de routine au commissariat du quartier, suivie d’une mise aux arrêts dans le bureau du commissaire, serait un chef d’œuvre de discrétion et d’efficacité. L’essentiel étant de neutraliser ceux ou celles contre qui s’amoncellent des indices sérieux.
Toujours au chapitre des attitudes et des initiatives anti-terroristes, il convient de privilégier les directives silencieuses au détriment des annonces bruyamment détaillées comme l’interdiction du port du voile intégral, en attendant l’immobilisation des voitures aux vitres teintées. Et la chasse aux motocyclistes porteurs de casques – mode d’opération prisé par Bokko Haram – qui, à vive allure, sont encore moins identifiables que les porteuses de burqua. Et que dire ou faire du « Nietti Abdou » qui a plus de capacités logistiques (transport d’explosifs et de grenades) que le voile intégral sans poches ? Bref, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, chef d’orchestre de la lutte anti-terroriste, peut prendre en charge ce dossier. Sans tambours ni trompettes. La guerre contre le terrorisme est souterraine avant d’être à ciel ouvert. Et ce sont les services spéciaux qui en ont quasiment (pas totalement) le monopole.
L’Exécutif – avec le Président de la république en tête – n’est pas hors du champ de bataille. Loin s’en faut. Car sa politique intérieure et ses options diplomatiques placeront le Sénégal dans le collimateur ou l’éloigneront de la ligne de mire du terrorisme. A cet égard, notre implication ou non dans la guerre au Yémen sera décisive dans un sens paisible ou infernal. Pourvu que les leçons de Paris (La France encaisse les contrecoups de sa politique en Syrie) soient bien tirées ! Là où la France avec ses services de sécurité bien ramifiés et grandement dotés en budgets (DGSE, DGSI, DRM et un réseau dense d’ambassades dans le monde) peut être punie et humiliée par les terroristes, il va sans dire que le Sénégal y sera dynamité. Jusque-là, aucune gaffe majeure n’est à signaler. Au Mali, les Diambars sont intégrés à la MINUSMA. Et Dakar n’a pas rejoint la Force multinationale du Bassin du Lac Tchad (le Bénin, le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad qui guerroie contre Bokko Haram.
En un mot comme en mille, notre réponse adéquate à l’apologie du terrorisme demeure normalement l’apologie de la vigilance calme, sereine et sécuritaire. Loin de la frénésie, de l’hystérie, de la psychose et de la paranoïa qui sont de mauvaises conseillères.
dakaractu